Traditionnellement datée du milieu du XVe siècle, la Maison d'Ozé est cependant plus ancienne. Débutée au siècle précédant comme le prouvent de multiples éléments, elle a été modifiée et agrandie. L'aspect que nous lui connaissons n'est que l'aboutissement de tous ces changements, comme pour tous les bâtiments. Si nous avons l’impression de la connaître par cœur, c'est parce que la Maison d'Ozé est emblématique d'Alençon.
Pourtant, à ma connaissance, personne n'a pensé à la dessiner ! A la toute fin du XIXe siècle, période où la photographie se démocratise, Gabriel Fleury (1846-1926), passionné par le patrimoine et éditeur, à la suite de son père, va produire l'une de ses premières vues. C'est un précieux témoignage de son état avant le projet de démolition, son sauvetage et sa restauration.
Les noms de Henri Renault du Motey (1858-1932) et de Georges Lebouc1 (1847-1927) sont également fortement attachés à la Maison d'Ozé, entre autres. Achetée en 1861 par la municipalité d'Alençon avec le projet de la raser, elle est menacée en 1898. Ces deux personnalités vont fortement s'engager pour sa sauvegarde et obtenir son classement en 1900.
Georges Lebouc réalise un long poème en faveur de la conservation de la Maison d'Ozé, la dessine et la grave pour illustrer son œuvre.
Le secret de la Maison d'Ozé, par le vicomte du Motey, 1903.
Henri Renault du Motey publie une série d'actes du XVIe siècle et se hasarde à proposer un restitution. C'est précisément sur ce travail, plus romantique que scientifique, que je vous propose de revenir. S'il a eu son utilité pour sensibilisé le public en 1903 sur l'intérêt de la Maison d'Ozé, il n'en demeure pas moins faux. Si l'on applique quelques principes d'analyse, le résultat est très différent.
La Maison d'Ozé est alors représentée avec :
Par ailleurs, la topographie ne se prête pas à des fossés en eaux au pied des murailles du Plénître, placés à mi-pente sur le coteau nord de la Sarthe. Ces fossés entaillés dans le granit, ont laissé leur souvenir dans le toponyme Les Perrières, des carrières encore utilisées au XVIe siècle.
Il existe bien une tourelle d'escalier nord mais celle-ci a une configuration très différente. Loin d'être une jumelle, elles est de plan quadrangulaire et s'adosse au logis. Elle est couverte par un toit en appentis. Avec un peu de recul, on peut voir que sa maçonnerie est cohérente avec celle du pignon : le rampant en pierres de taille courre à la fois sur le logis et sur la tourelle ; la maçonnerie de moellons semble d'un seul tenant.
La tourelle sud a pour sa part quelques spécificités : elle recèle quelques précieux indices archéologiques pour comprendre une configuration primitive. Si de loin, elle semble être un cylindre, son flanc nord est cependant rectiligne et présente une baie obturée au niveau du premier étage. Cette partie appartient à un édifice plus ancien.
Au rez-de-chaussée du pavillon, derrière la tourelle, on trouve une longue salle voûtée traversante : il s'agit d'un porche.
La disposition se comprend plus aisément sur un plan :
1 Georges Lebouc, également peintre et poète, dont j'ai l'honneur d'être l'arrière petit-neveu.